En apprendre plus sur le niveau C2 – niveau de bilinguisme

Avant toute chose, nous parlons ici du niveau C2 et non de l’évaluation qui en est faite par les différents organismes de certification. Il ne s’agit pas de déterminer les critères d’évaluation de ce niveau, mais d’expliquer ce qu’est, en fait, un locuteur C2 et ce dont il ou elle est capable.

Le CECRL − quelques rappels

Le CECRL a pour but de décrire ce qui est attendu des élèves à chaque niveau de compétence, du niveau A1 (pré-A1 depuis la dernière mise à jour) au niveau C2. Chacun se situe à un endroit de cette grille à partir du moment où il cherche à s’exprimer dans une langue et à la comprendre, même si vous vous considérez « nul en anglais ». Le CECRL est avant tout un outil permettant de déterminer ce qui est attendu aux différents niveaux de communication/compréhension – écrite ou orale. Un article dédié au CECRL et à ses niveaux est accessible ici.

À noter : la tendance de ces dernières années a été d’étoffer le CECRL (volume complémentaire de 2018) pour qu’il corresponde davantage au parcours scolaire classique de l’apprentissage des langues (maternelle, élémentaire, secondaire, universitaire/immersion). Cependant il reste utilisé pour évaluer chaque apprenant à tout âge de la vie, que vous commenciez à apprendre une nouvelle langue à 7 ou à 77 ans.

Le C2, un niveau de perfection ?

Qu’en est-il donc du C2 ? Quand un interlocuteur est C2, il maîtrise la langue apprise autant que sa langue maternelle. Alors pour comprendre les attentes du C2, on peut juste comparer avec ce que l’on connaît : notre propre maîtrise de notre langue maternelle.

Posons-nous d’abord les questions suivantes par rapport à notre langue maternelle (questions valables pour tous les âges) :

  • Connaît-on le dictionnaire en entier ? NON
  • Est-il possible que l’on ne comprenne pas tout ce dont on nous parle ? ABSOLUMENT
  • Doit-on parfois se former à un vocabulaire spécifique pour pouvoir en parler ? avoir une promotion ? se reconvertir professionnellement ? OUI
  • Avons-nous la fâcheuse tendance à dire « oui, oui » alors qu’on n’a pas compris ? OUI
  • Lisons-nous parfois en diagonale des textes barbants ou écrits dans un style très lourd ? OUI
  • Est-on capable de parler de certains sujets de manière approfondie et complexe ? OUI
  • Peut-on parler avec un accent ? MILLE FOIS OUI. Le français a d’ailleurs une variété d’accents – belge, québécois, suisse, accent du sud, accent du nord, corse, etc.
  • Nous arrive-t-il d’utiliser les sous-titres sur Netflix (et autres) ? OUI (la team parents de jeunes enfants qui dorment, levez la main🖐️. La team binge watching de séries à 3h du matin pendant que tout le monde dort, on vous voit aussi).

Et j’en passe…

Le bilinguisme repose sur une variété d’aspects

Le niveau C2 (le bilinguisme) est certes un niveau de maîtrise et d’expertise de la langue, mais il n’est pas un niveau de perfection ! Et en tant que niveau du « locuteur natif » (bien que ce terme soit critiqué), celui-ci prend en compte, comme tous les autres niveaux, différents aspects :

  • l’âge (on ne peut pas demander à un enfant bilingue de 6 ans de remplir les mêmes critères d’évaluation qu’un adulte de 58 ans)
  • la géographie (le vocabulaire quotidien attendu sera différent selon l’endroit où vous vous trouvez, ex. : boot(uk)/trunk(us) pour le coffre d’une voiture, bourgmestre(Belgique)/maire(France), etc. Tous ces mots qui, lorsque vous y vivez, font partie de votre vivier de vocabulaire quotidien et naturel – et ce serait très présomptueux de penser que les Américains connaissent la terminologie britannique et vice versa, loin de là ! Il y a d’ailleurs des certifications connues pour reposer sur un anglais plutôt qu’un autre).
  • les centres d’intérêts et les évolutions professionnelles (un physicien nucléaire, un boulanger, un ouvrier de sidérurgie, un enseignant… tout autant de professionnels qui possèdent un domaine d’expertise dans lequel ils peuvent s’exprimer de manière pointue – C2 – mais qui seraient incapables de le faire pour un autre domaine) et bien d’autres encore. Le locuteur C2 peut parler d’un large éventail de sujets, mais il ne sait pas parler de TOUT.

Malheureusement, les certifications de niveaux de langue ne possèdent pas toujours cette souplesse, et évaluer le bilinguisme d’un enfant de 8 ans n’est, à ma connaissance, pas proposé par les organismes principaux. Dans la même veine, je me rappelle avoir eu des questions concernant le métier de fleuriste à l’examen du TOEIC passé pendant mes études littéraires et d’enseignement. En quoi pouvoir parler techniquement du métier de fleuriste (sans appartenir à cette filière) est-il une compétence à valider pour illustrer un niveau du CECRL ? Je laisse cette question en suspens…

Le niveau C2 : entre immersion et effort

Est-on obligé d’avoir habité/d’habiter dans le pays étranger pour être C2 ? Et bien, oui et non. Pour quelqu’un qui apprend la langue de zéro, sans avoir un environnement familial bilingue, l’immersion est pratiquement obligatoire. Mais pour un locuteur dont les parents/la famille sont bilingues et qui évolue dans un environnement totalement bilingue, le niveau C2 peut également être atteint car, sans être en immersion géographique, il se trouve bien en situation d’immersion au sein de sa famille.

Quelle est donc la différence entre le C1 et le C2 ? L’immersion et le bagage de vocabulaire. Au C2, les tournures grammaticales sont utilisées avec aisance, sans nécessiter de réflexion particulière (bien que les hésitations passagères soient totalement normales, comme en langue maternelle) ; les synonymes sont maîtrisés ; le vocabulaire n’est pas forcément plus soutenu (rappelons qu’il n’y a pas de mots intrinsèquement B2, C1, C2…), mais le langage est naturel et parfaitement adapté à la situation (sortie entre amis, rencontre avec le Président de la République, entretien avec un recruteur, dispute entre frères et sœurs…) ; la compréhension – écrite ou orale – est sans accrocs et, si un obstacle est rencontré (mot nouveau, sujet non maîtrisé), le sens peut être déduit du contexte ou les outils adéquats sont à portée de main afin de surmonter cet obstacle.

Un élève de C1 sera déjà sur cette voie, mais sera encore en chemin pour acquérir davantage de fluidité et de naturel pour surmonter les obstacles – la majeure partie de ces derniers étant liée au nombre de mots que l’élève possède (certains organismes de certification considèrent d’ailleurs qu’un locuteur C1 possèderait 8 000 à 12 000 mots et un locuteur C2 plus de 12 000). En définitive, la notion d’effort peut être utilisée pour résumer la différence entre C1 et C2 : le locuteur C2 se trouve à un niveau de compréhension et d’expression sans effort, mais ce n’est pas encore le cas du locuteur C1 qui, cependant, s’en approche.

Et en réflexion pour plus tard…

Le CECRL n’est pas une échelle utilisée au niveau mondial. Même si l’Europe se targue d’avoir créé un outil d’évaluation des niveaux de langue internationalement reconnu, d’autres systèmes existent, aux États-Unis par exemple. Parfois plus stricts ou parfois plus cléments, on se rend compte en les observant davantage que la notion de bilinguisme (C2) varie parfois beaucoup !

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